Parfois, il faut se lancer des challenges personnels. En juillet 2018, j’ai couru, sur un weekend, 42km de trail, affronté 90 obstacles et gagné des grosses médailles : ça a pris 9h d’effort, et j’y ai perdu un pantalon de sport, 2 ongles de doigts de pieds, beaucoup d’énergie et une semaine ensuite (pour récupérer). Bref, j’ai participé à un « trifecta weekend », un évènement sportif organisé par Spartan ou l’on court les 3 formats de Spartan Races (Sprint, Super et Beast) en 48h. Cet article n’a absolument aucune vocation à donner des conseils, je raconte juste mon histoire.  
 Pour les conseils sur comment préparer sa première Spartan Race, c’est ici !

spartan race france
Petit souvenir de la même Super, en Malaisie, l’année dernière.(2017)

1. La décision 

J’ai couru ma première Spartan Race en 2017 – une Sprint, sans équipement et sans aucune préparation et, si l’expérience a été fantastique, je m’étais promise de ne plus jamais recommencer. Je pensais ne pas être faite pour ça, parce que je détestais courir, et que je n’avais aucune force dans les bras. Et puis j’ai continué à m’inscrire, à des formats de plus en plus longs. Pour rappel, la Sprint fait enter 5 et 8km, la Super entre 13 et 15, et la Beast, entre 21 et 23km.
A la fin de l’année 2017, j’avais remporté ma première Trifecta (les 3 formats la même année) et étais prête à passer à la vitesse supérieure. J’ai couru plusieurs Spartans en Australie (Melbourne Super/Sprint & Brisbane Bast) début 2018, et suis entrée en compétition (age group) avec une Sprint à Singapour. J’étais tombée amoureuse de la discipline, et largement adapté mon training pour me faire un haut du corps beaucoup plus fort, et travailler l’endurance en course.
J’ai appris l’organisation d’un trifecta weekend en Malaisie (à Putrajaya, pour être précise) en mai, et les courses devaient avoir lieu fin Juillet. C’était un délai suffisant pour s’y mettre à fond, (3 mois environ de préparation possible), c’était un très beau challenge ( 21+14+7km en 2 jours, avec 90 obstacles à franchir au total) dans la jungle, et j’avais envie de me prouver que j’étais capable de faire quelque chose d’un peu fou, dont je pourrais être fière. C’était une sorte de revanche sur la feignasse que j’étais avant, je crois.
Bref, la décision était prise, j’ai acheté le pass 3 courses, et il a fallu s’y mettre pour de vrai. 

spartan race obstacle
tout ça pour aller fanfrelucher sur des obstacles en plein soleil.

2. La préparation 

Quand on prépare ce genre d’évenèment, il faut être rationnel et honnête avec soi même : on analyse ses faiblesses & ses forces, et on travaille ce qui peut être amélioré.
J’avais 3 faiblesses majeures : mon endurance était plus que moyenne (j’étais asthmatique à l’effort plus jeune, j’ai toujours détesté courir, sans parler de courir 42km évidemment), J’avais un haut du corps toujours assez faible et, si je suis 100% honnête, j’avais une énorme faiblesse mentale, durant les courses : je me décourageais vite, et une des courses s’étant soldée par une gigantesque crise d’angoisse sur le parcours (un très mauvais souvenir), j’avais peur que le mental lâche une fois de plus, et m’empêche de courir les 3 courses.

Le plan d’attaque :

1. travailler l’endurance 
Parce que je déteste toujours autant courir, je me suis forcée à inclure 30min minimum d’interval running au début de 3 séances par semaine (et bosser le haut du corps ensuite.) J’alternais marche (6.5kmh) / course lente (10kmh) / course soutenue (12.5kmh), en changeant de rythme toutes les minutes. 

2. Renforcer le haut du corps 
j’ai laissé tomber les machines pendant 3 mois, pour me concentrer sur un entrainement beaucoup plus fonctionnel : des mouvements de Crossfit (avec des poids libres) et de calisthenics (au poids du corps), beaucoup de tractions.. De quoi me faire un dos et des épaules capables de me porter dans toutes les circonstances.
Ca a aussi impliqué que j’accepte de « prendre des bras » – quelque chose que je refusais depuis des années, pour le coté purement visuel. Mais au final, je suis très heureuse du rendu aussi : j’ai des bras plus forts, un dos plus dessiné et je me tiens beaucoup mieux (en plus de pouvoir soulever mon propre poids sans problème ! )

3. Bosser le mental 
J’ai beaucoup discuté avec des sportifs de compétition, qui m’ont donné de très bons conseils. Visualiser la course avant de partir, visualiser chaque obstacle (en imaginant le réussir) avant de le franchir, faire des listes (de n’importe quoi) pendant les passages de course pour ne pas trouver le temps long ou penser à la chaleur. Il ne faut pas se laisser abattre même quand on échoue ou quand on sent la fatigue et la douleur. On continue, et chaque pas nous rapproche de la ligne d’arrivée (et évidemment, le plus vite on y va… le plus vite c’est fini.)

Pour être honnête, je me suis entrainée fort, mais pas autant que j’aurais voulu, pour diverses raisons ( un séjour de 2 semaines en France & à Dubai, quelques weekends de « fête » en Asie sans gym à disposition, un genou un peu fatigué par moment). J’ai ralenti largement sur l’alcool le mois avant la course, et ai forcé sur les glucides la semaine qui a précédé, histoire de me constituer des réserves de glycogène dignes de ce nom. 

gif carbs spartan race preparation glycogene
moi, avant la course.

3. Jour(s) de course

On est arrivés sur place la veille des premières courses. Pendant 2 jours, les repas ont été principalement constitués de glucides complexes et de  protéines –  assez peu de matières grasses pour éviter les soucis de digestion. (mais ça c’est une préférence perso).
Puisqu’on a rien fait d’autre du weekend au final, voici notre programme (avec les précisions nutritionnelles, si ça en intéresse certains!)

Veille de la course (Vendredi)

Soir : pâtes complètes + blanc de poulet + Légumes rôtis avec un trait d’huile d’olive

Jour de Course 1 (Samedi)

Petit déjéuner :  galette d’avoine + Roastbeef + banane
Spartan Beast (2 barres de céréales pendant la course)
Après la course : 1 barre hyper protéinée
Après-midi : Brunch (craquage mais healthy, toast saumon et oeufs, burger d’araignée de mer.. une merveille !) + un massage d’1h (qui a fait un bien fou aux courbatures)
Soir (veille de course 2): pâtes complètes + thon à l’eau + sauce tomate sans MG + poire

Jour de Course 2 (Dimanche)

Petit déjeuner : 2 oeufs + pain complet + 1 banane
Spartan Super ( 1 barre de céréales pendant la course)
Entre courses : 1 barre énergétique + 1 banane 
Spartan Sprint ( 1 barre pendant la course)
Post course : 1 barre hyper protéinée
Après-midi/Soir : Craquage chez Nando’s 

 

A gauche, avant le départ de la Beast, tout frais. A droite, après les 3 courses, tout défoncés.

4. Les résultats & feedback

Beast (21km, 33 obstacles) : Je l’ai couru avec mon copain, en Open. Il nous a fallu 4h20 pour en venir à bout, et j’ai eu besoin d’un peu d’aide de sa part sur 2 ou 3 épreuves de force pure. On savait qu’on avait à courir de nouveau le lendemain, alors on ne s’est pas précipité, et on a passé un moment ensemble, plutôt que d’essayer de faire une perf. 

Super (14km, 28 obstacles) : Vraiment pas motivée avant de partir, j’ai été très surprise de prendre autant de plaisir sur le parcours. Au bout du 1er kilomètre, mon corps avait chauffé et je n’avais plus de courbatures, et j’avais « envie » de faire un temps honnête. Je me suis amusée, j’ai couru sans vraiment y penser, et le moral était au top. J’étais persuadée être dans le top 10% en passant la ligne d’arrivée : j’ai fini première de ma catégorie (Open, Female, Age-group) et 3ème de femmes. Vraiment contente. 
Je l’ai couru seule, parce que mon partner in crime avait choisi de la courir en Elite – mais j’ai rencontré des gens très sympas sur la course, et l’ambiance m’a beaucoup aidé à tenir jusqu’au bout.

Sprint (8km, 22 obstacles) : Sans suprise, aucun moyen de faire un temps correct, j’ai découvert que mon corps avait des limites assez strictes et que les dépasser étaient impossible. Sur le parcours de la Sprint (avec beaucoup de monde sur les obstacles), impossible d’avancer. Une insolation et une grosse douleur du bas du corps freinaient chaque mouvement, et terminer la boucle de 8km a été un vrai défi. 

spartan race trifecta weekend resultat
Pour les curieux, voilà mes résultats sur les 3 courses, via Athlinks!
spartan race finish line malaysia
Finish Line de la Beast: meilleur feeling du monde.

5. L’après course (et les courbatures ! )

On ne va pas se mentir, je ne pensais pas souffrir autant pendant la dernière course. Les heures qui ont suivies ont été très pénibles (à cause de l’insolation surtout), et il a fallu faire la queue en plein soleil pour récupérer les médailles, puis se doucher au Karcher sur la zone de festival (faute d’avoir une chambre d’hotel à portée) avant de partir pour l’aéroport et rentrer à Singapour. 
La première vraie douche a été l’occasion de faire un bilan : des bleus partout, des coupures plus ou moins profondes, deux ongles de doigts de pied infectés (que j’ai perdu ensuite, bon ap!), des douleurs dans les genoux, dans les épaules, et les jambes infiniment lourdes. Mais le pire, c’était la fatigue : les 2 jours qui ont suivi, j’étais à la fois fatiguée physiquement (avec des courbatures surtout sur le devant des jambes, à cause du parcours montagneux et des descentes dans les cailloux) et épuisée mentalement : j’avais utilisé toute ma capacité de concentration, et j’étais dans une sorte de brouillard constant. Je dormais mal, parce que je rêvais de la course, et que mes pieds abimés tapaient contre des racines ou des obstacles, et la douleur me réveillait. 
Bref, l’après a été une épreuve en elle même, et je suis contente de m’en être remise depuis. 

spartan race trifecta medaille
Si fière de ces médailles et du pantalon troué.

Et au final ?

Je suis vraiment, VRAIMENT ravie de l’avoir fait. C’était le challenge qu’il me fallait pour me prouver que je valais quelque chose en sport, que j’avais les nouilles qu’il fallait, que j’étais capable de mettre de coté la douleur et la frustration pour atteindre mes buts.
Si je devais changer quelque chose.. je m’entrainerais encore plus (pas en quantité, mais en qualité, il y a eu des jours ou je sais que je n’ai pas poussé assez) et je douterais moins de moi. 
Est-ce que je le referai? Probablement pas : c’était très difficile à supporter pour le corps, et j’ai « coché la case » en quelque sorte; Je vais désormais m’entrainer pour faire des performances vraiment meilleures sur les formats courts (Sprint mais surtout Super) et continuerai de courir les Beast pour m’amuser.

 


 

Et vous, quel est LE challenge que vous avez envie de vous lancer? Est-ce que vous avez déjà couru des Spartan Races ? Dites moi tout en commentaire ! 

 

 

 

 

3 Comments

  1. Impressionnant ! Quand on lit l’après course, on se dit que ça ne porte pas le nom de « Spartan » pour rien ^^
    Perso, je ne me verrai pas faire ça pour l’instant vu tous les efforts que ça demande. Mais ça motive à se lancer des défis ! Tes « nouilles » en imposent en tout cas, bravo xD

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